
Chaque jour à Gaza, des milliers d’hommes tenaillés par la faim s’agglutinent sur les routes empruntées par les camions d’aide humanitaire. Ils peuvent attendre une dizaine d’heures sous le soleil, dans l’espoir d’intercepter un camion chargé de nourriture.
Islam Abou Ghassan, 35 ans, est l’un d’eux. « Dès que les camions arrivent, on se rue dessus à toute vitesse. Il peut y avoir 10 000 personnes sur quatre camions ! On essaie de récupérer quelque chose à manger pour nos familles et on revend le reste, en espérant obtenir entre 100 et 200 shekels [de 26 à 52 euros environ] pour couvrir nos dépenses quotidiennes », témoigne au téléphone le père de sept enfants, depuis l’enclave dont Israël interdit l’accès aux journalistes étrangers depuis bientôt deux ans.
Chaque jour, la même mêlée sauvage se reproduit. Une épreuve qu’Islam Abou Ghassan endure, faute de ressources pour nourrir sa famille. « La faim a transformé les gens en bêtes sauvages. Ils se bousculent et se frappent, d’autres se font écraser par les camions ou sont traînés au sol, accrochés à un sac de farine. Et ceux qui réussissent à prendre quelque chose finissent parfois blessés par les snipers israéliens qui leur tirent dans les jambes. C’est un carnage, et c’est voulu par Israël », rapporte le trentenaire, convaincu que l’Etat hébreu force les camions à passer par des itinéraires à risque pour qu’ils ne parviennent pas aux entrepôts des organisations humanitaires.
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