« Depuis ce matin, pas une seule fois je n’ai ouvert ma caisse. » Calée dans un fauteuil, au fond de sa boutique de mode située rue Pierre-Loti, à Rochefort, Dominique Nizan s’inquiète du « calme plat » qui a précédé la période des fêtes puis celle des soldes – ils commencent ce mercredi 8 janvier. La ville de Charente-Maritime est passée en mode festif le 30 novembre 2024, lors de l’inauguration d’une patinoire couverte de 1 000 mètres carrés « la seule du département », rappelle Pascale Stransky, déléguée générale de l’association des commerçants, Cœur de ville. Depuis, des haut-parleurs ont diffusé des mélodies guillerettes, dont l’entêtante chanson issue des Demoiselles de Rochefort.

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Mais, rien n’a remonté le moral de Mme Nizan. « A cause d’Internet, nous, les détaillants indépendants, je crois qu’on est foutus », explique-t-elle. Cette ancienne cogérante d’un Intermarché exploite trois boutiques dans Rochefort depuis près de dix ans : Nénuphar est consacrée au haut de gamme, grâce aux marques Liu Jo, IKKS, Esthème, Des Petits Hauts et Gant ; rue Cochon-Duvivier, une autre, diffuse du Morgan et des robes « à 79 euros max » ; et, depuis 2022, dans la même rue, une troisième est dévolue à la seconde main, en dépôt-vente. Chacune couvre un segment du marché. Mme Nizan voit pourtant son activité « prendre la mauvaise pente ».

Car sa clientèle de Rochefortaises et de curistes de passage dans cette ville connue pour ses thermes vieillit, réduit ses dépenses et change d’habitudes. « Il y a celles qui, en entrant, répètent : “Il faut que je sois raisonnable, il faut que je sois raisonnable !…” Toute la journée, j’entends ça. Et puis, il y a celles qui sont là “juste pour essayer”, tirent leur portable de leur poche et regardent comment acheter moins cher ce qu’elles viennent d’essayer dans ma cabine, en commandant sur le site de mon fournisseur. Elles prennent ma boutique pour un showroom. Comment vais-je tenir jusqu’à ma retraite ? », s’inquiète cette quinquagénaire.

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