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Histoires Web samedi, décembre 14
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L’éclat et la mélancolie, la lumière et l’ombre, les paillettes et la misère, la comédie et la tragédie, les petits riens et le grand art. Il semblerait bien que Macha Makeïeff ait réussi la quadrature du cercle – ou celle de la piste –, un parfait numéro d’équilibre sur un fil entre ouverture au grand public et parcours sensible et savant. Avec « En piste ! Clowns, pitres et saltimbanques », au MuCEM, à Marseille, la metteuse en scène propose, en compagnie de Vincent Giovannoni, responsable du pôle arts du spectacle du musée, une exposition certes bienvenue en cette période de fêtes et tout à fait plaisante et chatoyante. Mais le voyage entraîne aussi plus loin, au fil d’une belle réflexion sur la figure du saltimbanque comme allégorie de l’artiste en général.

La pièce maîtresse de l’exposition le dit d’emblée. Il s’agit de l’un des nombreux Arlequin peints par Picasso dès 1901, une figure qu’il n’a cessé de décliner, comme autant d’alter ego, de représentations de l’artiste comme marginal à multiples facettes, solitaire, antibourgeois, se plaçant au bord de la société pour mieux la renvoyer en miroir. L’Arlequin choisi pour l’exposition, qui se trouve en temps normal au Centre Pompidou, est l’un des quatre peints par Picasso en 1923. Figure de la mélancolie et de l’absence, il ne regarde pas le spectateur. Son costume a été laissé inachevé par Picasso, qui n’a peint que quelques pièces de tissu en couleurs, sur l’épaule droite du personnage. Il n’est pas encore entré dans son rôle, ou il le quitte, il n’est encore personne, ou il ne l’est plus, il a les yeux grands ouverts sur un vide.

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