Il faut choisir ses combats. On peut se complaire dans la critique caricaturale d’Amazon, une entreprise qui a créé plus d’emplois en France qu’aucune autre depuis 2010, soutient l’activité de plus de 16 000 PME tricolores et figure dans le top 100 des plus gros contributeurs fiscaux en France. Mais attention à ne pas se perdre dans les postures, à l’image d’une récente tribune publiée dans ces colonnes.
A la plume, une grande enseigne spécialisée dans la distribution de biens culturels bien connue des Français et deux associations professionnelles qui cherchent à défendre – c’est louable – les intérêts de leurs adhérents. Mais le grand absent de cette tribune, c’est le lecteur, qui n’y est pas mentionné une seule fois. Le réquisitoire : Amazon a annoncé début novembre la livraison gratuite de livres dans 2 500 points de retrait situés dans des commerces qui vendent des livres.
Cette initiative conforme à la réglementation en vigueur préserve le pouvoir d’achat des lecteurs en leur permettant d’éviter de payer les frais de port obligatoires de 3 euros [en vertu de la loi dite « Darcos », promulguée le 30 décembre 2021] introduits en octobre 2023 pour la livraison à domicile. Grâce à elle, les livres ne coûteront pas plus cher aux habitants des régions rurales qu’à ceux du Quartier latin à Paris.
Les inégalités d’accès aux produits culturels
Cette initiative en faveur de la lecture est dénoncée par certains professionnels, qui semblent estimer qu’il existe des règles juridiques dans notre pays qui devraient s’appliquer aux uns, mais pas aux autres. Drôle de conception de la règle de droit et de l’intérêt des Français. Car rappelons-le : le retrait gratuit de livres est une pratique déjà répandue chez de nombreuses enseignes comme la Fnac, Cultura ou E. Leclerc, sans que personne n’ait eu à s’en émouvoir jusqu’à présent.
Ce deux poids, deux mesures ne serait pas si grave, s’il n’amenait les signataires de ce texte à détourner le regard et le débat des vrais enjeux. Qui pour s’émouvoir des inégalités d’accès aux produits culturels en dehors des grandes villes ? Qui pour regretter que des millions de Français sacrifient leurs achats culturels pour faire face à l’inflation ? Qui pour réfléchir aux moyens de soutenir les libraires tout en favorisant l’accès aux livres des Français ?
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