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La vidéo a beaucoup circulé sur les réseaux sociaux : lors d’une audition au Sénat, le 30 octobre, le PDG de La Poste, Philippe Wahl, explique que Temu et Shein représentent désormais 22 % des volumes de colis du groupe en Europe, contre moins de 5 % il y a cinq ans. A eux deux, les géants chinois de la mode en ligne à prix cassés devancent désormais Amazon, premier client du groupe public tout en étant son premier concurrent.

Ce basculement reflète non seulement l’explosion de l’« ultra-fast-fashion », mais aussi le poids toujours plus important de la livraison de colis dans le modèle économique de La Poste, condamnée à évoluer du fait du déclin inexorable du courrier.

Les volumes de lettres distribués par les facteurs et factrices, divisés par trois en quinze ans à 6 milliards d’unités, ont encore reculé de 10 % au premier semestre 2024. Et le chiffre d’affaires de l’activité (3,4 milliards d’euros sur les six premiers mois de l’année) ne représente plus que 15 % des revenus annuels du groupe.

La stabilisation attendue de la fréquentation des bureaux de poste est une piètre consolation. Et pour compenser ce mouvement, la hausse régulière des tarifs – celui de la lettre verte passera, le 1er janvier 2025, à 1,39 euro, en hausse de 7,7 % – ne suffit pas.

Livraison de médicaments

Le constat n’est pas nouveau, et l’essor de la livraison de colis, qui alimente désormais plus de la moitié du chiffre d’affaires total du groupe, ne permet pas à lui seul de le résoudre. Car, après le boom des années du Covid-19, la croissance des volumes a ralenti tandis que les marges souffrent d’une pression concurrentielle toujours plus forte, liée à la concentration mondiale du secteur, et de l’impact durable de l’inflation sur les coûts.

La solution, dans l’immédiat, n’est pas non plus dans les services financiers : la reconfiguration de La Banque postale, après son rapprochement avec l’assureur CNP, n’a pas encore porté ses fruits en matière de résultats. Ni dans les télécoms puisque, même s’il reste distribué dans le réseau postal, l’opérateur virtuel La Poste mobile, dont le groupe possédait 51 %, vient d’être cédé à Bouygues Telecom pour 950 millions d’euros.

Dirigé depuis douze ans par M. Wahl, qui quittera ses fonctions en juin 2025, le groupe aux 232 000 salariés et 17 000 points de présence dans toute la France n’a donc guère d’autre choix que de poursuivre la diversification de ses activités. Du côté des « services de proximité humaine », selon l’expression du PDG, la livraison de médicaments par les facteurs et factrices devrait s’ajouter prochainement à la distribution de repas (30 000 par jour) et aux visites payantes aux personnes âgées.

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