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Déspécialiser les territoires et mieux répartir l’élevage entre différentes régions, tripler les surfaces de cultures de légumineuses, réduire de 70 % le recours aux engrais minéraux azotés, multiplier par 10 les surfaces en agroforesterie, porter la part des surfaces bio à 25 %… Le cercle de réflexion The Shift Project a publié, jeudi 28 novembre, son analyse des trajectoires à emprunter pour atteindre les objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2050 en matière d’agriculture, tout en favorisant la résilience de ce secteur, l’un des plus vulnérables au réchauffement climatique.

Le think-tank emboîte ainsi le pas à d’autres institutions qui ont auparavant travaillé sur des scénarios de prospective agricole, de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) à l’association Solagro.

Mais pour le think-tank fondé par l’ingénieur Jean-Marc Jancovici, qui a construit sa réputation sur les questions d’énergie et de climat, se pencher sur l’agriculture, le vivant et les enjeux de biodiversité relève d’une petite révolution culturelle. « Ces dernières années, on a travaillé sur un plan de transformation de l’économie française. Mais sur l’agriculture, notre analyse affichait un gros trou dans la raquette, admet Clémence Vorreux, coordinatrice agriculture du Shift Project. Or, c’est un secteur clé soumis à de fortes contraintes, qui a un rôle majeur à jouer pour la décarbonation. »

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L’étude publiée jeudi, qui sera suivie d’autres volets dans les prochains mois, en particulier sur la production agroalimentaire, vise donc à combler ce trou. Issu d’une concertation avec le milieu de la recherche, des acteurs du milieu agricole et des associations, ce travail s’accompagne également d’une consultation auprès de 7 500 agriculteurs, conduite avec l’aide du réseau des bénévoles de l’association des « Shifters », et dont les résultats complets seront publiés à la mi-décembre.

Pour l’étude prospective, plusieurs scénarios ont été étudiés, répondant à différentes priorités stratégiques : favoriser l’autonomie agricole et alimentaire en réduisant la dépendance aux importations, contribuer à la sécurité alimentaire internationale, fournir de l’énergie pour d’autres secteurs…

Agriculteurs inquiets pour la viabilité de leur ferme

Mais au final, c’est un scénario de conciliation que met en avant le think-tank. « On a essayé de proposer un système résilient, pas trop dépendant des importations, et qui tienne compte des contraintes physiques, résume Corentin Biardeau-Noyers, l’un des co-auteurs du rapport. Sur la question des tailles de cheptel par exemple, il n’y a pas un effectif qu’on recommande par rapport à un autre, mais l’enjeu est d’avoir un système agricole qui fonctionne. C’est une question d’équilibre entre différents paramètres. »

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