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Histoires Web dimanche, septembre 29
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C’est un aperçu rare des coulisses d’une guerre d’influence. Celle que livrent les Etats-Unis aux pays qui souhaitent renforcer leurs réglementations environnementales dès lors que ces dernières sont susceptibles de nuire à la puissance exportatrice de leur agriculture. Au point de recourir aux mêmes méthodes que les industries polluantes, et aux mêmes sociétés de relations publiques. Sous le mandat de Donald Trump, l’administration américaine a fait appel à de telles entreprises, pour torpiller la stratégie « Farm to Fork » (F2F – « de la ferme à la fourchette ») – destinée à « verdir » l’agriculture du Vieux Continent.

Défendre coûte que coûte les pesticides et les organismes génétiquement modifiés, entraver toute réglementation stricte de leurs usages, dénigrer l’agriculture biologique et défaire les ambitions agroécologiques de l’Europe : des opérations semblables ont été conduites en Afrique et en Asie pour favoriser l’adoption de cultures transgéniques et le recours sans entraves aux intrants agricoles de synthèse.

Obtenus par le média d’investigation Lighthouse Reports, et partagés avec Le Monde et d’autres médias internationaux, des documents internes du ministère de l’agriculture américain (US Department of Agriculture – USDA) montrent que l’administration américaine a pour ce faire eu recours à deux sociétés de communication et de gestion de réputation. La première, White House Writers Group (WHWG), est basée à Washington. La seconde, v-Fluence, est une petite société d’une vingtaine de salariés fondée en 2001 et dirigée par Jay Byrne, ancien directeur de la communication de Monsanto. Basée à Saint-Louis, dans le Missouri, gestionnaire d’une base de données privée au cœur de la propagande pro-pesticides baptisée « Bonus Eventus », elle est spécialisée dans le conseil aux firmes agro-industrielles – y compris à des sociétés agrochimiques qui auraient, elles aussi, gros à perdre dans un hypothétique virage agroécologique de l’Europe.

Du Fidesz à Reconquête !

Pour comprendre, remontons au 20 mai 2020. Ce jour-là, la Commission européenne annonce les grandes lignes de deux nouvelles stratégies – « Farm to Fork » et la stratégie pour la biodiversité – destinées à être le volet agricole du pacte vert pour l’Europe, lancé quelques mois plus tôt. L’objectif est notamment de « réduire de 50 % l’utilisation des pesticides et les risques associés », de « convertir 25 % des terres agricoles en agriculture biologique », une réponse au consensus scientifique sur la nécessité de rendre plus durables les systèmes agricoles et alimentaires.

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