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Histoires Web samedi, septembre 28
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Y a-t-il un lien entre le célibat exigé pour les clercs catholiques et les violences sexuelles commises par certains d’entre eux ? Malgré les fins de non-recevoir répétées du Vatican face aux partisans de l’ordination de prêtres mariés, le débat refait surface après chaque révélation. « La crise des violences sexuelles vient poser à nouveaux frais la question du célibat, non plus à travers le prisme des revendications de mouvements de prêtres comme dans les années 1960-1970, ni de celui du “manque de prêtres” qui s’est imposé ensuite dans de nombreuses régions du monde. Les scandales sexuels contribuent désormais à lever le voile sur la sexualité des prêtres, longtemps impensée par les catholiques, et à désenchanter la vision du célibat », résume la sociologue Céline Béraud, autrice du Catholicisme français à l’épreuve des scandales sexuels (Seuil, 2021).

La dernière affaire en date, peut-être la plus retentissante, en est une nouvelle illustration. Les révélations au sujet d’Henri Grouès, dit l’« abbé Pierre », ordonné prêtre en 1938, ont une nouvelle fois été accompagnées d’un flot de critiques contre cette exigence que rejettent les autres grandes confessions chrétiennes dans le monde. « A quand des actes ? (…) Après la désacralisation de l’homme au béret (…), les responsables vont-ils enfin s’interroger sur (…) l’assouplissement de la tardive règle d’airain du célibat ? », s’interroge ainsi Michel Bellin, ancien prêtre, dans une tribune au Monde publiée le 13 septembre, dénonçant « un système ecclésiastique autoritaire qui, comme au bon vieux temps (préfreudien), persiste à confisquer, à dévaluer et à cadenasser la sexualité de ses membres, les condamnant au joug sabbatique de la loi du célibat ».

Même l’acteur Lambert Wilson, qui incarne son personnage dans Hiver 54, l’abbé Pierre (de Denis Amar, 1989), a apporté sa pierre à ce débat multiséculaire, le 10 septembre, dans l’émission « C à vous », sur France 5 : « Pour moi, c’était quelqu’un qui était certainement en lutte avec le célibat. Il le disait : il respectait l’Eglise, mais le célibat était compliqué, et il le formulait. »

Le célibat « n’est pas le sujet »

En réponse, comme à chaque fois, des voix s’élèvent pour récuser tout rapport avec les violences sexuelles. « Mettre en cause l’Eglise et le célibat sacerdotal n’est pas à la hauteur de ce que les agressions sexuelles commises par l’abbé Pierre nous obligent encore à voir », soufflait ainsi Eric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, dans une tribune au Monde publiée le 16 septembre, appelant la société à « s’interroger sur ce qu’elle montre de la sexualité aux jeunes générations ».

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