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Comment revaloriser les bas salaires ? « Désmicardiser » la France alors que la part des travailleurs au salaire minimum a nettement augmenté ces dernières années, pour atteindre 17,3 % en 2023 ? Ce sont les questions posées, il y a un an, par le gouvernement d’Elisabeth Borne à deux économistes, Antoine Bozio et Etienne Wasmer, lesquels devaient rendre leurs propositions à l’été 2024. Si le rapport n’a pas encore été rendu public, nombre d’acteurs politiques et économiques ont déjà pris connaissance des scénarios envisagés.

L’un d’eux a fait vivement réagir la Fédération des entreprises de propreté, d’hygiène et services associés (FEP), l’un des secteurs concentrant le plus grand nombre de travailleurs à bas salaire. « Ce qui est proposé peut mettre en danger la pérennité des entreprises et des emplois dans la branche », s’alarme Philippe Jouanny, son président. Principale organisation patronale du secteur, la FEP représente quinze mille entreprises et 600 000 emplois.

L’enjeu du rapport Bozio-Wasmer était notamment de proposer des pistes pour éviter l’effet dit de « trappe à bas salaires ». Pour favoriser l’emploi des travailleurs peu qualifiés, différents allégements de cotisations sociales ont été mis en place depuis les années 1990. Ces exonérations, qui réduisent le coût du travail de 40 % au niveau du smic, baissent à mesure que le salaire augmente, avec plusieurs effets de seuil, à 1,6, 2,5 et 3,5 smic.

D’où un effet pervers : ce système n’incite pas à relever les salaires, car chaque revalorisation se paie deux fois, dans la hausse de ce qui est versé au salarié et dans la baisse des exonérations. MM. Bozio et Wasmer ont ainsi mis en évidence que l’employeur doit « dépenser parfois 500 euros pour augmenter le revenu disponible du salarié de 100 euros ».

Contrats en cours pas revalorisés

Pour pallier cet effet, ils proposeraient donc, selon Les Echos, parmi d’autres pistes, de réduire les allégements au niveau du smic de 4 points et d’adoucir la pente en les lissant jusqu’à 2,5 smic. Ce qui relèverait donc mécaniquement le coût du travail sur les salaires les plus bas. Avec un salaire minimum (12,13 euros de l’heure) juste au-dessus du smic (11,65 euros de l’heure), les entreprises du nettoyage seraient parmi les premières concernées.

« Le principe de réduction de la dépense publique, je peux l’entendre. Mais le problème de notre secteur, c’est que nous ne parvenons déjà pas à revaloriser le prix de nos contrats commerciaux à la hauteur de l’augmentation de nos coûts, avec un décalage qui se creuse depuis 2022. Comment encaisser alors un relèvement des cotisations patronales avec des marges très faibles ? », interroge Philippe Jouanny.

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