Chaque dimanche après l’office, Irina Lagodyak se précipite sur le perron de l’église San Pietro Martire, à Udine, en Italie. Enveloppée dans son écharpe azur et or, l’Ukrainienne de 60 ans tend une pochette aux fidèles. Dans cette ville du Frioul d’une centaine de milliers d’habitants, proche de la frontière avec la Slovénie, elles sont plus de 500 à célébrer la messe en ukrainien. Ce n’est pourtant pas pour la paroisse qu’Irina Lagodyak fait la quête, mais pour acheter une voiture à des soldats de la région de Koursk. « C’est ce qu’ils demandent le plus, pour ramener les blessés du front vers l’arrière », précise la volontaire.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, « toutes les badanti aident à leur façon », explique Oksana Bereza, 62 ans, dont plus de vingt passés à s’occuper de personnes âgées. En Italie, celles que l’on appelle communément les badanti, du verbe badare (« prendre soin »), sont des auxiliaires de vie, immigrées, logées au domicile de personnes en perte d’autonomie. Udine compte près de 2 000 badanti ukrainiennes. D’après la sécurité sociale italienne, elles seraient plus de 60 000 sur le territoire, ce qui fait de l’Ukraine le deuxième pays d’origine des travailleuses domestiques d’Italie, derrière la Roumanie.
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