L’Afrique australe est-elle dans le viseur de l’administration américaine ? En quarante-huit heures, le département d’Etat américain a annoncé coup sur coup des restrictions de visas concernant la Zambie, le Malawi et le Zimbabwe. But affiché : lutter contre l’immigration illégale aux Etats-Unis.
Le 5 août, Washington a lancé un programme pilote consistant à exiger une caution pouvant aller jusqu’à 15 000 dollars (près de 13 000 euros) aux demandeurs de visa de tourisme ou d’affaires afin « de garantir qu’à l’expiration de la période pendant laquelle [un] étranger a été admis (…) cet étranger quittera les Etats-Unis ». Deux pays figurent pour le moment sur la liste des nations visées par cette mesure qui doit entrer en vigueur le 20 août : le Malawi et la Zambie.
Dans un communiqué, le ministre des affaires étrangères zambien, Mulambo Haimbe, a évoqué, vendredi 8 août, de « sérieuses inquiétudes » quant aux « répercussions économiques potentielles sur le commerce, l’investissement, le tourisme et les échanges interpersonnels ». La ministre des affaires étrangères malawite, Nancy Tembo, s’est également inquiétée de conséquences de l’introduction d’une caution sur les « voyageurs malawites qui respectent la loi ». Elle assure toutefois les Etats-Unis de la volonté du Malawi de répondre à ses préoccupations en matière d’immigration.
Lutter contre les séjours illégaux
Pourquoi Lilongwe et Lusaka ont-ils été ciblés ? Interrogé, le département d’Etat américain précise que les autorités ciblent les pays présentant un « taux élevé de dépassement de visas [overstay] » par leurs ressortissants, des « lacunes en matière de sélection et de vérification » ou offrant la possibilité d’acquérir la citoyenneté par investissement sans condition de résidence. Des « considérations de politique étrangère » peuvent également être prises en compte, précisent les autorités américaines.
D’après un rapport du département de la sécurité intérieure américain publié en août 2024, la Zambie affichait ainsi un taux d’overstay de 11,11 % en 2023. Au Malawi, il monte à 14,32 %. Dans les deux cas, le taux est supérieur à la limite de 10 % au-delà de laquelle le gouvernement américain considère que les pays concernés doivent agir pour freiner le phénomène. Mais sur le continent africain ou ailleurs, plusieurs Etats affichent des taux de dépassement de visas temporaires bien supérieurs. Ceux du Congo-Brazzaville et de la Guinée équatoriale atteignent respectivement 29,63 % et 21,98 %.
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